Fabiola Ecot Ayissi analyse l'impact de la pandémie sur le milieu artistique et entrevoit des réflexions sur la place du numérique dans la promotion du patrimoine artistique.
Vernissage exposition photo "819.Canada", Yaoundé, 26 juin 2020, Claudel Tchinda
Comment avez-vous-vous occupé la période de récession des activités culturelles due au Covid-19 ?
Pendant cette période, nous avons déménagé notre siège du Centre international pour le patrimoine culturel et artistique du quartier Emana où il était installé jusque-là pour le quartier Omnisport. Ensuite, nous avons réalisé des travaux d’installation et de prise de nos nouveaux repères. On a été assez occupé, on n’a pas vu le temps passer. Et, maintenant qu’on commence à voir les artistes, on est très content de leur proposer notre nouvel espace.
Pour les artistes que vous côtoyez, est-ce que cela a été toujours facile ?
Le fait d’être assigné à résidence n’est pas étranger à la démarche artistique, puisque pour créer il faut un tant soit peu, solitaire, isolé. La création nécessite de se retrouver avec soi-même. Ce n’est donc pas quelque chose qui a été très gênant. Là où les problèmes se sont posés pour la majorité des artistes qui nous entourent, c’est quand des projets ont été annulés, les voyages devenus impossibles parce que les vols n’étaient plus autorisés. Par conséquent, je pense qu’au plan économique, pour nos artistes qui travaillent à l’international, ce moment du Coronavirus a été un vrai blocage, un vrai handicap. C’est quelque chose qui a été entendu le plus souvent autour de nous. J’imagine qu’ils ont du se réorganiser, accepter cette situation et travailler.
La période pause coronavirus peut-elle permettre aux artistes de mettre en vitrine le fruit de leur résidence forcée ?
Je pense que le moment a peut-être été profitable parce que par la force des choses les artistes sont davantage restés face à eux-mêmes. Sans doute que cette période va donner matière à réflexion dans une dimension mondiale de notre réalité puisque nous avons affronté une pandémie mondiale et que par conséquent avec les réseaux sociaux, avec internet, on a vu en direct comment la majorité de la planète vivait. Je pense qu’au niveau artistique cela peut-être une source d’inspiration dans la mesure où l’artiste est en permanence connecté non seulement avec lui-même, mais aussi avec la société qui l’entoure et le monde de façon générale. Cette expérience commune mondiale à du, je pense, déclencher un certain nombre de leviers créateurs chez pas mal d’artistes.
Faut-il considérer qu’avec l’expérience du Covid-19, le numérique prend une place incontournable dans l’univers artistique ?
Oui, je pense qu’on mise déjà énormément sur le numérique. Il y’a beaucoup d’artistes qui nous racontent comment à partir d’un projet, ils sont contactés par des structures dans le même pays ou dans des pays étrangers pour travailler. Simplement parce que leurs activités sont publiées sur les réseaux sociaux. Il y’a un effet boule de neige très intéressant où les projets se multiplient justement parce qu’ils sont visibles sur internet. C’est très positif pour eux. Ça l’est également pour nous puisque nous pouvons être vus par les autres centres en Europe, en Afrique. Oui, oui le futur est là, peut-être qu’on peut profiter de cette pause Coid-19 pour réfléchir à la manière de présenter les œuvres des artistes de manière virtuelle. C’est un aspect qui va être mis en réflexion au Cipca dans les prochains mois.
Propos recueillis par Claudel Tchinda.
Interview
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