Peinture et vernissage

Préfigurer sous des traits artistiques les idées phares et les concepts majeurs déterminent le Cameroun d’aujourd’hui.


"Abstraction", Expo-photo, juin 2020, Doual'Art

Comment diable ont-ils pu trouver la motivation et la force de travailler sur un projet aussi perplexe d’apparence et aussi baroque que celui de l’abstraction ? Un sujet sur lequel même certains philosophes auraient assurément choisi l’art de l’esquive. Mais, enfin, paris tenue ! La visite de l’exposition et le parcours de l’itinéraire de la scénographie vous fait tourner la tête par la variété des supports et leurs contenus, par la puissance de la créativité, par des créations et des compositions surchargées de références.

Ainsi, les 47 œuvres montées dans le cadre de cette exposition collective dénommée « Abstraction » proposée par 14 artistes camerounais suggèrent une balade, dans l’esprit et dans la mémoire, des repères temporels de notre société. Une démarque qui invite à surligner les marqueurs qui déterminent et caractérisent le Cameroun actuel. Le creuset de cette cogitation en haute voltige n’est tout autre que l’espace Doual’art où ont présentées les œuvres en question.

Le travail exposé sous l’avis éclairé de deux experts ; Yves Makongo et Patrick Ngouana, est nourri d’une grande ouverture d’esprit et une perception très hétéroclite. Des toiles d’Ernest Dizoumbe Oumarou, jeune peintre récemment sorti des moules de l’Institut des Beaux-Arts de Nkongsamba, se dégage une forte impression d’un combat intérieur pour exprimer les différentes formes de violence sociale. Un peu philosophe, à moitié historien et presque psychologue, le « disciple » de Jean David Nkot, exhibe le besoin d’une d’affirmation de soi. Sur cette voie, il retrouve une femme, Gabriella Bajeck pour qui le corps féminin est un sujet impérissable d’interrogation de l’évolution sociale, avec une forte propension sur la poésie du corps et l’acceptation de soi.

William Bakaïmo que nous avons qualifié d’Ingénieur des couleurs propose des représentations basées sur la nature de l’homme et des animaux. Le diplômé en droit et en ingénierie de conception en compagnie de ses « partenaires » déconfinent l’activité qui a pris du plomb dans l’aile avec l’apparition du Covid-19.
Les travaux de Gabriella Badjeck, William Bakaimo, Ernest Dizoumbe Oumarou, Aurelie Djiena,  Franck Ekans, Godmark Fannyuy, Ignace Kameni, Kanté Jean-Jacques, Tally Mbok, Wilfried Nakeu, Charles Ongolo, Rostand Pokam sont à découvrir jusqu’au 1er août à l’espace Doual’Art au quartier Bonanjo, à Douala.

Arthur Melli