Christian Etongo perpétue les rites mystiques

Plus d’une trentaine de créations et désormais une renommée établie qui lui donne d’encadrer la jeune génération.


Rencontres d'Arts Visuels de Yaoundé, 11/2017, Claudel Tchinda

Bien que considéré comme le porte étendard de la performance au Cameroun, Raphaël Christian Etongo qui a déjà parcouru le monde pour donner à voir et à enseigner sa démarche artistique rêve toujours de rouvrir les portes de son centre culturel Kulturotek. Fermé en 2014 pour cause de difficultés financières et de disponibilité. Là, il pourrait prolonger la liste des jeunes à qui il a mis le pied à l’étrier en dehors de Raoul Zobel dit Snake, Joël Kouemo, Gabriella Badjeck…

Parti de la danse à la fin des années 80, sa première discipline, Christian Etongo a pratiquement exercé plus d’une dizaine de discipline avant de trouver sa voie dans la performance artistique. Puisqu’il s’essaye au théâtre en tant que comédien, manipule des pinceaux pour réaliser des tableaux, s’attaque à l’installation et tente une percée en littérature. C’est depuis 1997 qu’il a arrêté de se projeter dans d’autres disciplines. Dans la performance, il a su développer une signature propre à lui inspirée des rituels mystiques : celui pratiqué pour la purification en pays béti le Tso et la danse funéraire l’essani. A ce jour, il dit avoir créé une vingtaine de performances, participé à plusieurs expositions collectives et individuelles en Afrique du Sud, au Cameroun, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Niger, en Suisse, en Norvège, en Finlande, au Nigeria, en Allemagne, en Pologne, au Zimbabwe, en Suède.

Si son travail est bâti en partie sur son expérience personnelle de la vie, la couleur rouge est omniprésente. Une couleur qui pour lui, loin de signifier la mort ou le danger symbolise la vie. Il est le premier avant Gabriella Badjeck à repousser les limites du conformisme sur scène au point de tuer et manger cru le foie d’un poulet. On cite entre autres actes, marcher à quatre pattes sur des tessons de bouteilles, s‘asperger du sang de porc. Pour le plasticien Landry Mbassi, c’est un artiste qui, au fil du temps, s’est construit une identité particulière au travers d'un discours saillant et contextuellement bien étayé.

Bertrand Tounyiel