Renouer avec la vie et saluer la mémoire des disparus est le sens de la performance de Zobel Snak.
"20 heures", Zora Snak Zobel, Berlin, juin 2020, https://www.facebook.com/ZoraSnake
"20 heures " est le fruit d’une résidence. Le sujet était d’autant d’actualité que passée la première période de confinement pour limiter les risques de contamination au coronavirus, les berlinois retrouvaient peu à peu le goût de vivre. La simple sortie hors de son logis et les allées et venues dans les rues redevenaient normale. Seulement, un deuxième confinement annoncé suite à une seconde vague de contamination va rompre cette ambiance des temps ordinaires.
Entre les deux confinements, l’artiste camerounais, Zobel Snak aura tout de même trouvé le temps et la possibilité de se produire en plein air, à proximité des passants. Une action qui rame à contre-courant des approches anciennes, avec lui l’art se déporte au cœur de la cité, dans l’espace public, à la rencontre du citoyen Lamda.
Les clichés de cette performance sont mémorables et sans doute un peu choquantes aussi, comme c’est souvent le cas dans la conduite de ses prestations. Le torse nu, les plantes des pieds qui vont au contact de l’asphalte. Des dégoulinements du rouge vif sur des parties de son buste, etc. il y’a surtout cette brouette plantée dans un jardin contenant un squelette humain et un plante en attente de mise en terre.
Pour Zobel, cette performance écrite pendant le confinement à Bruxelles pour lutter contre la crise sanitaire rend hommage aux âmes brusquement enlevées par la tempête du covid-19. Elle est également la signature d’une pensée forte à l’endroit des personnels soignants. Par-dessus ces marques de gratitude, cette pièce invite à une remise en question sur la catastrophe naturelle face à nos politiques qui impliquent cette génération. Avec au cœur de la réflexion, ce questionnement lancinant : « Comment y contribuer à renouer ensemble sans violence ? ».
Prêt à reproduire le même spectacle en juillet prochain, Zobel dit toute sa surprise et sa fierté de voir qu’au terme de sa représentation dans l'espace public, des personnes lui demandent de rejouer encore. C’est que présenté les 30 minutes qu’a duré la performance, il a semblé à l’artiste que ce moment de retrouvailles scellait une reconnexion, une célébration de l’amour intime, de l’humanité.
Cette activité intervient à la suite de deux semaines intenses de recherche au Tak theater de Berlin, dans le cadre du projet de résidence autour du thème " 20 heures".
Arthur Melli