Les festivals patrimoniaux camerounais majeurs

Le Ngondo, le Ngouon, le Mabi, festi-nyemnyem et le festival Elog Mpoo sont quelques références des quatre aires culturelles du Cameroun.


Danse du Nord-Ouest- Cameroun, 2017, Yaoundé, Festival de danses patrimoniales, Hanoscultures.com

Le Cameroun est  une mosaïque de plus de 250 groupes ethniques aux mythes, légendes, pratiques et traditions séculaires. Dans l’optique de converser et préserver cette richesse patrimoniale, chaque groupe organise des événements culturels pour mettre en exergue ses singularités et participer ainsi à construire la diversité culturelle prônée par l’Unesco. Ces rendez-vous sont de plus en plus avec la participation des représentants d’autres groupes ethniques. Un entremêlement des us et coutumes qui symbolisent le dialogue des cultures.

Parmi les festivals majeurs régulièrement organisés avec des spécifiques établies, l’on peut en dénombrer quelques-uns reparties par aire géographique.
Dans l’aire Sawa, impossible de ne pas citer en premier lieu l’incontournable « Ngondo ». Organisé tous les ans sur les berges du Wouri, à Douala, pendant la première semaine de décembre (7 Nov-7dec), il réunit tout le peuple côtier dans le but de communier avec les esprits protecteurs de l’eau. C’est l’occasion d’une célébration rituelle, mystique et culturelle animée par des initiés. Dans cet espace culturel se déroule également tous les ans dans la ville d’Edéa (7 au 20 Décembre) la fête socio-culturelle du peuple Bakoko baptisée festival –Elog- Mpoo. Elle regroupe des 14 clans et vise la valorisation de la culture Bakoko à travers les ateliers de transmission de la langue, des coutumes et des traditions. Dans le même registre s’inscrivent le Nguma Mabi et la fête de la crevette d’orée chez les Mabi à Kribi, le Mayi chez les Batanga toujours à Kribi ainsi que le February chez les Batanga de Kribi.

Dans l’aire fang-béti, le Mbam’Art organisé au premier trimestre de chaque année dans la ville de Bafia sert d’outil de vulgarisation de la tradition des peuples du Grand Mbam. Le festival est à sa 9ème édition en 2019. Ce festival bénéficie d’une grande organisation qui s’attèle à la promotion permanente de la culture Mbamoise à travers un site internet multiservices http://www.mbamart.org/. Le Festival Manimben qui veut dire « le lion noir Banen » se tient également tous les ans, du 14 au 15 Aout à Ndikiniméki, dans le département du Mbam et Inoubou. Il est organisé pour honorer la bravoure du redoutable chef Manimben Yi Tombi dit le lion noir Banen. Il s’était opposé farouchement aux troupes allemandes pendant les campagnes de colonisation. Les représentations théâtrales qui ponctuent ce festival  mettent en exergue la bravoure du chef Manimben Yi Tombi. Le Festival du Kanga  est quant à lui organisé tous les ans au mois de novembre dans la ville d’Akonolinga, département du Nyong et Mfoumou. Il est dédié à la promotion de la culture des ressortissants de cette localité. On peut également mentionner le ‘’So’o’’, chez les Beti, également dans la région du centre.

L’aire soudano-sahélienne est riche de plusieurs festivals. Citons en premier  le Festival Nyem Nyem. Organisé tous les deux ans, du 13 au 15 Mars, dans la ville de Galim-Tignere, département du Faro et Déo dans la région de l’Adamaoua. Ce festival célèbre la victoire du peuple Nyem Nyem sur les troupes colonisatrices allemandes. A la parade de la fantasia et de l’ascension du mont Djim, il est procédé à l’exécution de Danses traditionnelles et l’exposition d’objets d’arts. C’est une occasion pour les Camerounais et les touristes étrangers de découvrir Galim-Tignere et son peuple guerrier. Ce rendez-vous, outre la perpétuation de la culture, permet de rappeler la victoire du peuple Nyem-Nyem sur les colonisateurs allemands. La fête du cop chef les Toupouri et le Tokna Massana à l’Extrême-Nord ainsi que le Gurma au Nord), etc. sont des grands moments de culture.

Comme l’aire soudano-sahélienne, l’aire grassfield connait une profusion de festival en commençant par l’un des plus prestigieux, le Ngouon. Organisé tous les deux ans dans la ville de Foumban  pendant trois jours, il est meublé de cérémonie rituelle, de danses traditionnelles, de soirées récréatives et d’expositions culinaires. C’est une période pendant laquelle les musiciens et griots de la cours animent le Palais du roi Bamoun. A côté des activités relevant du patrimoine du peuple bamoun, des conférence-débats et autres ateliers de réflexion sur la conservation de la culture bamoun et le développement de la localité sont organisées. A l’origine, fête des récoltes, le Ngouon a été institué par le roi Nchare Yen en 1395.

Tout à côté, dans la ville voisine de Bafoussam, est traditionnellement organisé la cérémonie initiatique des peuples bafoussam et baleng baptisée festival Nyang Nyang. Cette cérémonie coïncide avec la fête des récoltes et symbolise le cri du corbeau qui assiste les femmes au champ pendant la récolte. Pendant la période d’initiation qui dure quatre mois, les jeunes garçons âgés de 6 à 15 ans sont initiés aux valeurs d’endurance, de courage et d’engagement patriotique. Le festival se tient de la fin des années paires au début des années impaires. Plusieurs autres festivals d’envergures sont enregistrées dans cette aire culturelle des grassfield tel que la fête du Achum organisée tous les ans en décembre pour honorer les rites sacrés des membres des sociétés secrètes.

Citons aussi entre autres, le festival Medumba tous les deux ans à Bagangté, le festival biennal des peuple bandjoun, le Msem Todjom. La fête du taro de Bamendjinda tous les deux ans au mois de novembre, etc.

Arthur Melli