L’Allemagne revisite sa mémoire coloniale africaine

" The Burden of Memory- Considering German Colonial History in Africa " est le thème de cette semaine culturelle à la fois artistique, historique et scientifique

Logo de "The Burden of Memory- Considering German Colonial History in Africa", 2019, Goethe.de

Réfléchir sur les différentes perspectives artistiques et culturelles de l'impact du colonialisme allemand en Afrique. C'est l’un des enjeux de la rencontre initiée par le centre culturel allemand en Afrique. Il est question de confronter le passé colonial allemand à la créativité artistique des descendants des colonisés. 100 artistes issus de 6 pays africains ont été ainsi mobilisés pour ce travail. Burundi, Cameroun, Namibie, Rwanda, Tanzanie et Togo sont leurs pays d’origine. Quelques communautés de la diaspora africaine en Allemagne y ont aussi été associées.

Du 9 au 16 novembre 2019, il est attendu un ensemble d’activités pluri-artistiques. Dans les disciplines théâtre et performance, la procession des Mourning Citizens de Namibie ainsi que les percussionnistes club Intwari Tambourines du Burundi seront proposée. Des talents de renommée internationale seront du rendez-vous : Blick Bassy du Cameroun, les poètes et slameurs Eric 1key et Lion King du Rwanda, les productions des cinéastes Cafe Togo de Musquiquiqui Chihying et Gregor Kasper seront projetées. Dans cette rubrique, Le malentendu colonial de Jean-Marie Teno sera un moment palpitant de cette semaine culturelle. Un peu comme le village de la semaine culturelle, La Villa, un espace a été aménagé pour permettre au public de profiter d'une bibliothèque éphémère, rencontrer les artistes, assister aux débats publics et aux présentations de livres.


La colonisation allemande en Afrique pendant 35 ans.. Remise des récoltes de caoutchouc par les habitants d'un village orientale allemande (Tanzanie)/www.dw.com/fr/

La Galerie d'Art Contemporain de Yaoundé, le centre CIPCA et la galerie Goethe située en face du Goethe-Institut ont été réquisitionnés pour accueillir les ouvres de 15 artistes du domaine des arts visuels. Ce sont entre autres Amani & Cloud, Hervé Youmbi, Jean David Nkot, Nicola Brandt, Kathleen Bomani, Jacques Do Kokou, Roger Mboupda et Philip Kojo Metz. La programmation de cette semaine culturelle est proposée par les curatrices Nontobeko Ntombela d’Afrique du Sud, Rose Jepkorir Kiptum du Kenya et Princesse Marilyn Douala Manga Bell du Cameroun.

A travers le questionnement sur le passé allemand en Afrique inspiré du livre "The Burden of Memory, the Muse of Forgiveness" (1999), de l'auteur nigérian et prix Nobel de littérature Wole Soyinka, les participants à cette rencontre pousse l’analyse sur les questionnements pré et post coloniaux. Notamment l’éventualité d’une réconciliation entre oppresseurs et victimes.

A travers ce projet, l’Institut Goethe ose aborder le sujet des répercutions de la colonisation sur le développement des cultures africaines, de façon générale. Une véritable boite de pandore, à l’observation des réactions des acteurs des domaines artistiques africains. Un sujet qui déborde le plan strictement artistique pour embrasser les sphères politiques. Et en ce qui concerne le pays d’accueil de cette semaine culturelle, la crise sociopolitique qui y a cours, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest est en partie, selon plusieurs analystes, liées à la colonisation.

Claudel Tchinda