Gestion des terres : la menace qui vient des agro-industries

Les promesses d’amélioration du quotidien des populations et de respect des cahiers des charges deviennent, par la suite, un leurre.

Conférence de presse à Yaoundé, 21/09/2019, Hanoscultures.com 

Les témoignages consignés dans les rapports issus de plusieurs pays d’Afrique renseignent à suffisance sur l’état d’esprit des riverains des grandes plantations de monoculture d’arbres, à l’instar du palmier à huile, de l’hévéa. Leur déception est d’autant plus grande qu’ils se sentent abandonnés par les pouvoirs publics qu’ils accusent de ne pas prendre leurs plaintes en considérations. L’implantation des industries agricoles présentée à l’origine comme une solution à la pauvreté et au chômage, parce que pourvoyeuse d’emplois, d’infrastructures sociales de base (routes, hôpitaux, écoles, eaux, électricité,…) est aujourd’hui contestée. Les promesses d’amélioration du quotidien des populations s’avèrent des arguments pour s’accaparer les terres des populations. Ce que dénonce Thérèse Pulchérie Methe qui a étudié et compilé dans un opuscule Les douze tactiques utilisées par les sociétés productrices d’huile de palme pour s’emparer des terres communautaires. Elle cite entre autres : l’obtention du soutien des responsables gouvernementaux, élite locales et personnes de confiance, la promesse de réalisation des projets sociaux de base, la réduction au silence des contestataires, l’exclusion et la marginalisation des femmes, l’utilisation des titres fonciers et relevés cadastraux frauduleux.

En plus de l’accaparement des terres par l’entremise des hommes de pouvoir (élites, chefs traditionnels, membres du gouvernement, etc.), les responsables de ces entreprisses procèdent régulièrement à des extensions. Situation qui amène les riverains à se déplacer sur de longues distances pour aller quémander un lopin de terre où faire pousser les cultures de consommation. Etant entendu que dans la palmeraie installée sur le sol de leurs aïeuls, le cas de Mbonjo dans la région du Littoral, aucune autre culture n’est pratiquée, les palmiers étant plantés jusque dans leur cour et jouxtent presque la toiture arrière de leur maison.

Dénoncer les pratiques déshonorantes et proposer des alternatives
Un constat dont s’en offusque Marie Crescence Ngobo, secrétaire exécutif du Réseau des acteurs du développement durable, qui fait remarquer que ces agro-industries ne respectent généralement pas le cahier des charges établi lors leur implantation. L’une des obligations mentionnée dans le cahier des charges de ces industriels, dit-elle, est de veiller à prendre en considération, lors des extensions des plantations, les exigences liées à la protection de l’environnement. Or, il revient que l’agression de l’écosystème par la destruction des forêts (biocénose, biotope), il s’ensuit généralement la pollution des eaux et des terres, en raison de l’utilisation des produits chimiques.

Aussi pour décrier et condamner les pratiques déshonorantes dans les agro-industries et davantage contrer la ruée vers les terres arabes d’Afrique, une riposte est en gestation pour amener les Etats à encourager les Etats à contraindre ces entreprises au strict respect du cahier des charges établi lors de leur implantation. C’est dans ce sens que le Réseau des acteurs du développement durable a présenté le 21 septembre 2019 à l’occasion de la journée internationale contre les monocultures d’arbres un plaidoyer appelant en premier lieu à revoir la législation foncière. En deuxième lieu, d’impliquer tout au moins des représentants des riverains dans le processus d’attribution des terres aux agro-industries.

Claudel Tchinda