Les fils Batanga ont été contraints de quitter leur village au bord de l’océan pour se réfugier dans la région du sud-ouest.
Site de déportation des esclaves au Cameroun, ouvert sur la mer.
Nous sommes entre 1914 et 1918. La première guerre mondiale bat son plein. Le Kamerun, placé sous protectorat allemand depuis 1884, est frappé de plein fouet par de violents combats qui opposent les forces allemandes aux puissances coloniales françaises, britanniques et belges. Plusieurs autres villes du Cameroun sont enrôlées dans ce conflit et servent de base arrière pour les forces allemandes et leurs alliés. Cependant, la ville côtière de Kribi t le peuple Batanga subissent malheureusement, de lourdes conséquences.
Devant le nombre impressionnant de victimes sur ce territoire, des survivants décident de s’exiler. Nous sommes en février 1915. C’est ainsi qu’ils s’installent à bord de plusieurs navires allemands de fortune. D’autres seront déportés dans les cales des navires. Les plus téméraires se jettent à l’eau et avancent à la nage en direction du Sud-Ouest du Cameroun. Tout naturellement, plusieurs d’entre-eux seront noyés.
Arrivés dans le Sud-Ouest, les témoignages indiquent qu’ils furent exploités dans les plantations de thé et entassés dans les villages de Moliko, Buéa, Bolifamba, Mweastor, Moliwè ou Misselélé. Beaucoup d’exilés ont perdu la vie du fait de la maltraitance, de maladies mais aussi de malnutrition. L’histoire de cette triste épopée sera mise en musique par le célèbre musicien, auto-compositeur et chanteur camerounais Eko Roosevelt, également chef du village Lobé à travers le titre « Doï da Manga » (« la voix de l’océan »).
Arthur Melli