L’annulation des événements sportifs et scientifiques d’envergure a porté un second coup dur au secteur touristique.
Vue piscine hôtel Hilton de Yaoundé, tripadvisor.com
Développer le tourisme dans les pays émergents est la préoccupation sur laquelle ont planché les participants aux 7èmes assises internationales du tourisme responsable organisées au musée maritime de Douala, au Cameroun, du 28 au 30 janvier 2020. Cette rencontre internationale était, à cette époque, le prélude d’une année florissante en événements d’envergure avec un impact positif sur le tourisme.
Un secteur déjà fragilisé par l’éruption du phénomène de Boko Haram dans le Nord du pays et davantage érodé par la crise sociopolitique dans la région du Sud-Ouest et du Nord-ouest. Le gouvernement avait voulu saisir cette occasion pour booster les activités touristiques. Selon les statistiques de Jumia, le leader mondial du e-commerce, les arrivées internationales au Cameroun tournent autour du million chaque année. Des données en contradictions avec le potentiel existant. Prenant donc la mesure, au cours du Conseil de national du tourisme du 28 mai à Yaoundé, le ministre du Tourisme, Bello Bouba Maigari a milité en faveur de l’allégement des procédures d’obtention des visas et de l’exploration des mesures alternatives à l’exigence de cette formalité. La mise en place d’un organisme autonome de promotion et de marketing du tourisme au Cameroun était d’ailleurs en gestation.
Puis début mars 2020, face à l’expansion de la pandémie, les annulations d’événements s’enchainent. Tout d’abord, le 12e Congrès scientifique de cardiologie prévu à Douala le 09 mars, ensuite les reports des événements (Chan 2020) sportifs à une date ultérieure. Et comme il fallait s’y attendre, l’annulation des correspondances aériennes, la fermeture des frontières : la grande barricade ! Tous les leviers qui alimentent le tourisme national, pour ce qui en restait, sont coupés. Le secteur considéré avant la crise sanitaire comme sous assistance respiratoire est aujourd’hui à l’arrêt.
En plus de la mesure qui restreint les activités de ce secteur, notamment l’interdiction d’ouverture des hôtels et restaurants au-delà de 18 h, les infrastructures de tourisme sont réquisitionnées pour prendre en charge les suspects ou malades du Covid-19, dans le cadre de confinement des rares voyageurs admis désormais au pays.
Le secteur du tourisme est actuellement l’un des plus durement touchés par la flambée de COVID-19, avec des répercussions à la fois sur l’offre et sur la demande de voyages, indique l'Organisation mondiale du tourisme. Cela constitue un risque baissier supplémentaire dans le contexte d’une économie mondiale qui s’essouffle, de tensions géopolitiques, sociales et commerciales, et de résultats en demi-teinte dans les grands marchés émetteurs de voyages.
Bertrand Tounyiel