La réussite de ce nouveau dispositif appelle, selon Bidoung Mpkatt, à la mobilisation de tous les acteurs culturels.
Parler d’une même voie. Faire taire les polémiques autour de la gestion du Compte d’affectation spéciale pour le soutien de la politique culturelle(Casspc) et relever le défi de la promotion des arts et de la culture du Cameroun. C’est en substance le message véhiculé par le ministre camerounais des Arts et de la Culture, Pierre Bidoung Mpkatt, le 09 mars 2020 au cours d’une réunion d’urgence portant sur la nouvelle approche de financement dudit compte d’affectation.
Contrairement aux années antérieures pendant lesquelles le ministère des Finances (Minfi) fournissait une dotation spéciale dans le Compte d’affectation spéciale pour le soutien de la politique culturelle logé au ministère des Arts et de la Culture, la loi de finances de l’exercice 2020 dispose qu’il incombe au ministère des Arts et de la Culture cette fois d’approvisionner lui-même le dit Compte.
La décision du ministère des Finances est justifiée par la loi N°2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres Entités Publiques. Il est fait obligation aux administrations disposant d’un Compte d’affectation spéciale de les financer sur recettes propres et de veiller à une optimisation de celles-ci. Une disposition rappelée aux administrations concernées par le ministère des Finance à travers une correspondance datée du 2 mars 2020, relative à l’optimisation des recettes propres des comptes d’affectation en leur demandant de prendre des dispositions nécessaires à la bonne exécution du budget du Compte d’affectation spéciale.
Pour le patron des Arts et de la Culture, des niches de recettes du ressort du Minac devraient être explorées dans l’optique d’alimenter ce Compte et de permettre la continuité dans la réalisation des missions qui lui sont assignées. De même, Pierre Bidoung Mpkatt a interpellé à ce sujet tous les acteurs du secteur culturel à se mobiliser pour cette cause commune.
Crée par décret présidentiel du 5 décembre 2001, le Compte d’affectation spéciale pour le soutien de la politique culturelle est présenté comme un instrument destiné à encourager la production littéraire et artistique camerounaise. Dotée d’une enveloppe initiale d’un milliards de Fcfa, il permet à l’Etat de subventionner la création, la production et la diffusion des œuvres, d’aider à la création et à la modernisation des organismes de gestion collective, de garantir des prêts consentis aux artistes et créateurs des œuvres de l’esprit par les établissements de crédit, d’encourager la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel national, etc.
En 2015, à l’arrivé du Pr Narcisse Mouelle Kombi à la tête du Minac, celui-ci fait observer à son collègue Alamine Ousmane Mey du ministère des Finances qu’au moment où il prend fonction : «ce compte doté d’un milliard de francs pour l’exercice 2011 est entièrement consommé et présente un solde débiteur à la Paierie générale du Trésor». Et de s’alarmer du niveau d’endettement très élevé du ministère des Arts et de la Culture par rapport aux engagements pris sur ce compte spécial.
L’histoire de la gestion du Compte spécial d’affectation pour le Soutien de la Politique Culturelle est jonchée de bruits de détournements et d’enquêtes à répétition. Mis à part la critique régulière relevant de la clé de répartition des appuis souvent distribués aux artistes. Du coup, l’inquiétude sur les réelles possibilités d’approvisionnement dudit compte par le Minac. Encore que son budget est lui-même extrême réduit.
Bertrand Tounyiel