Organisée dans les allées du Hilton Hôtel de Yaoundé, cette expo-photo a retracé les 100 ans de la capitale politique camerounaise.
Vue aérienne de Yaoundé, sur le site du Boulevard du 20 Mai, dans la nuit, Tripadvisor
De l’émotion dans le regard de Jacques P. qui regarde une image en noir et blanc datant d’une cinquantaine d’année dans laquelle parait la Poste centrale. Il se rappelle son passage à cet endroit qui lui paraissait le plus grand giratoire découvert alors. Il esquisse un sourire en relatant qu’il mettait les pieds dans cette ville pour la première fois, à l’époque. Madéleine K. se remémore des souvenirs des défilés qui se déroulaient encore au Boulevard débouchant sur le monument de la Réunification sculptée par Gédéon Mpando.
Des souvenirs pluriels, des éclats de rire et parfois presqu’une envie d’écraser une larme… résultat de la charge émotionnelle et historique véhiculée par les images installées dans les allées de l’hôtel Hilton de Yaoundé dans le cadre d’une exposition retraçant un siècle de la ville de Yaoundé. Y figures davantage des lieux : églises ; marchés ; avenues, mais aussi des visages de chefs traditionnels, d’européens, etc. L’exemple de cette image du chef des Ewondos, Charles Atangana Ntsama à la sortie de la messe en 1917. Celle aussi de ces Européens à côté d'un véhicule lors de la course automobile de Yaoundé en 1951.
Pour les promoteurs de cette initiative qui s’est achevée le 3 septembre 2023, Lawrence Chi et Fabien Ngon, coordonnateurs du pôle photographie du ministère de la Culture, ces clichés témoignent de l’existence de la photographie au Cameroun depuis le 20è siècle. On doit son introduction au Cameroun par l’allemand George E. Goethe au début des années 1915, en provenance alors du Ghana.
Cependant, l’émerveillement autour de cette exposition a davantage porté sur l’aspect mémoriel et l’esthétique des nouvelles infrastructures et a aussi relancé le débat sur les mutations, mieux les transformations de la ville. Une ville qui pour certains chercheurs et architectes a cessé de s’agrandir en respectant les normes dès 1980, au point d’être une ville totalement informelle en raison du désordre observé dans :« l’absence de respect des normes de construction, l’absence de respect d’un schéma d’occupation des sols avec des formats de bâtiments, des hauteurs limitées ou réglementées par exemple, l’alignement des constructions le long des chaussées. »
Sébastien Dipita